La Commission européenne a présenté ce mercredi 29 janvier la Boussole de la Compétitivité, un plan visant à positionner l’Union européenne (UE) comme un leader mondial face à des puissances telles que les États-Unis et la Chine. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, accompagnée du vice-président Stéphane Sejourné, a révélé la feuille de route qui guidera les priorités du bloc pendant cette législature.
Le lancement du plan intervient à un moment crucial : au cours des deux dernières décennies, l’écart entre le PIB de l’UE et celui des États-Unis s’est doublé, passant de 15 % à 30 %, tandis que la Chine continue de se renforcer comme un rival économique de plus en plus compétitif. Inspiré par des rapports élaborés par les anciens premiers ministres italiens Mario Draghi et Enrico Letta, le plan vise à combler des décennies qualifiées de croissance lente et de productivité stagnante par rapport à d’autres grandes économies.
La Boussole de la Compétitivité, définie comme un guide pour l’action, repose sur trois piliers stratégiques : combler l’écart en matière d’innovation, avancer dans la décarbonisation et renforcer la sécurité économique en réduisant les dépendances.
Innovation pour stimuler la croissance
L’un des principaux objectifs de la Boussole de la Compétitivité est de favoriser l’innovation en Europe. Pour ce faire, des mesures ont été conçues pour créer un environnement favorable aux startups et aux petites entreprises, promouvoir le leadership industriel dans des secteurs à forte croissance basés sur des technologies avancées, et renforcer des domaines comme l’intelligence artificielle, la biotechnologie, les matériaux avancés, la robotique, les technologies quantiques et l’exploration spatiale.
Le plan comprend des initiatives telles que les AI Gigafactories et Apply AI, pour stimuler le développement et l’adoption de l’intelligence artificielle dans des secteurs clés. De plus, une stratégie dédiée aux startups et scale-ups sera mise en place pour surmonter les obstacles qui empêchent les nouvelles entreprises d’émerger et de se développer.
Il est également proposé un régime juridique unique sur le marché européen, simplifiant les règles applicables, y compris des aspects clés du droit des sociétés, de l’insolvabilité, du droit du travail et fiscal, permettant aux entreprises innovantes de fonctionner sous un ensemble unique de règles dans l’ensemble du marché unique.
Transition énergétique et compétitivité verte
La transition vers une économie durable est une autre priorité du plan. Parmi les propositions figure le Clean Industrial Deal, qui établit une approche centrée sur la compétitivité pour la décarbonisation, afin que l’UE soit un endroit attractif pour la fabrication, y compris pour les industries énergivores, tout en favorisant les technologies propres et les modèles économiques circulaires.
Un Plan d’action pour une énergie abordable est également envisagé, visant à réduire les prix et les coûts de l’énergie, en facilitant l’accès aux sources d’énergie propres et abordables, tant pour les entreprises que pour les citoyens.
Renforcement de l’autonomie stratégique
Pour réduire les dépendances excessives et augmenter la sécurité, l’UE cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement en matières premières critiques et à réduire sa dépendance vis-à-vis des pays tiers. La Boussole de la Compétitivité propose la création d’alliances commerciales stratégiques, axées sur de nouveaux partenariats commerciaux et d’investissement propres, afin d’assurer l’approvisionnement mondial en matières premières, en énergie propre, en carburants durables pour le transport et en technologies propres.
Au sein du marché intérieur, une révision des normes de passation des marchés publics sera effectuée, permettant d’introduire une préférence européenne dans les contrats publics pour les secteurs et technologies critiques, garantissant que les entreprises communautaires soient les principales bénéficiaires des projets clés.
Financement, coordination et simplification administrative
Le plan met un accent particulier sur l’élimination des barrières bureaucratiques qui entravent l’accès aux fonds européens, notamment pour les petites et moyennes entreprises (PME). Une réduction de 25 % de la charge administrative pour les entreprises et de 35 % pour les PME est prévue grâce à une proposition qui sera présentée prochainement.
Sur le plan financier, une Union des Épargnes et des Investissements sera lancée pour créer de nouveaux produits d’épargne et d’investissement, encourager le capital-risque et garantir que les investissements circulent de manière fluide dans toute l’UE. De plus, dans le prochain budget de l’UE, un Fonds de Compétitivité sera créé, remplaçant plusieurs instruments financiers existants, afin de soutenir les projets clés et les réformes visant à renforcer la compétitivité de l’Europe.
La coordination entre les États membres sera également essentielle. Un Instrument de Coordination de la Compétitivité supervisera la mise en œuvre des politiques tant au niveau national qu’européen, identifiant les projets transfrontaliers d’intérêt commun et alignant les réformes avec les objectifs du bloc.