Nouvel appel à projets d’Interreg Poctefa pour la coopération dans les Pyrénées

La nouvelle édition de Poctefa se met en marche. Le 17 janvier 2025 marquera le lancement de cet appel à projets du programme Interreg, financé par le Fonds européen de développement régional (FEDER). Un budget de 76,6 millions d’euros sera mis à disposition pour favoriser la coopération transfrontalière entre l’Espagne, la France et Andorre. En attendant la publication du cahier de charges, la date limite de soumission des projets devrait se situer fin mars, soit environ deux mois et demi après la date de lancement. Il s’agira du dernier appel à projets classiques pour la période de financement 2021-2027. « Après cette initiative, les appels à projets restants de Poctefa concerneront des zones fonctionnelles et des projets de petite envergure », précise Imanol Elgezabal, consultant chez Zabala Innovation et expert sur cet appel à projets.

L’objectif d’Interreg Poctefa est de renforcer la cohésion économique et sociale dans les Pyrénées, un espace d’interaction entre cultures et économies qui, malgré leurs différences, font face à des défis communs. Ce programme constitue la sixième génération de soutien financier de l’UE destiné à intégrer ces régions à travers des projets collaboratifs.

Elgezabal souligne l’importance stratégique de ce programme pour répondre aux défis communs des territoires frontaliers. « Poctefa est un outil clé pour connecter les réalités locales et trouver des solutions communes à des problèmes comme le changement climatique, le vieillissement de la population ou la digitalisation des économies régionales », explique-t-il. « Ce type d’initiatives ne finance pas seulement des projets, mais consolide aussi des relations et apporte une stabilité à long terme », ajoute-t-il.

Zones éligibles et bénéficiaires d’Interreg Poctefa

Cet appel à projets s’adresse à une large gamme d’acteurs, allant des administrations publiques aux entreprises, associations, centres de recherche, universités et fondations. Les propositions retenues devront aborder l’un des défis identifiés dans le cadre du programme, tels que la préservation de la biodiversité, la transition vers des économies durables et bas carbone, ou encore l’amélioration des services de base partagés.

Le programme favorise également le transfert de connaissances entre les deux côtés de la frontière, misant sur l’innovation comme moteur de développement commun. Selon Elgezabal, « cette initiative revêt une importance particulière dans un contexte où la cohésion territoriale et la durabilité sont des priorités politiques de l’Union européenne ».

La zone géographique couverte par Interreg Poctefa inclut, en France, l’Ariège, la Haute-Garonne, les Hautes-Pyrénées, les Pyrénées-Atlantiques et les Pyrénées-Orientales.

En Espagne, les provinces d’Álava, Barcelone, Biscaye, Gérone, Guipuscoa, Huesca, et Lérida, et les régions de La Rioja et Navarre sont inclues. L’ensemble du territoire andorran est également éligible à ce programme.

Lors de l’appel à projets précédent, Interreg Poctefa offrait un cofinancement pouvant atteindre 65 % du budget des projets sélectionnés, représentant ainsi un levier économique significatif pour les entités investissant dans des initiatives transfrontalières. Bien qu’aucun plafond budgétaire maximal n’ait été imposé, il était recommandé de ne pas dépasser cinq millions d’euros par projet. Pour ceux dépassant deux millions d’euros, il était suggéré qu’une part importante du budget soit consacrée à des investissements physiques ou infrastructurels.

Les dépenses éligibles incluent les coûts de personnel, les services externes, les équipements, les déplacements et les frais administratifs directement liés à l’exécution du projet. Elgezabal insiste sur l’importance de planifier ces postes de manière stratégique : « Un usage optimal des ressources est essentiel pour maximiser l’impact des aides et garantir que les résultats bénéficient tant aux communautés locales qu’à l’ensemble de la région transfrontalière. »

Contexte européen et vision stratégique

Les projets devront s’aligner sur les priorités d’Interreg Poctefa, qui s’inscrivent dans le cadre de la Politique de cohésion de l’Union européenne. Parmi ces priorités figurent la promotion d’une Europe plus innovante et compétitive grâce à la recherche et à la créativité, le soutien à une Europe plus verte à travers des mesures de lutte contre le changement climatique et la transition vers l’économie circulaire, ainsi que la construction d’une Europe plus sociale capable de relever des défis tels que le vieillissement démographique ou l’exclusion sociale.

Ces principes traduisent la nécessité de relier les efforts locaux aux grandes stratégies communautaires. En plus de répondre aux enjeux environnementaux et technologiques, Interreg Poctefa 2025 vise à renforcer la cohésion sociale et territoriale dans la région, tout en promouvant une gouvernance transfrontalière plus efficace.

En termes pratiques, le programme ambitionne de financer des projets qui non seulement dénouent des problématiques spécifiques, mais contribuent aussi à une meilleure articulation des territoires. Cela inclut l’amélioration des infrastructures, la facilitation de la mobilité entre communautés frontalières et l’optimisation de services essentiels tels que l’éducation, la santé ou les transports.

La durabilité constitue un pilier fondamental du programme, avec une attention particulière portée à la conservation de l’environnement et de la biodiversité. Dans ce cadre, les initiatives visant la neutralité carbone ou la prévention des catastrophes naturelles seront particulièrement valorisées.

Comme le souligne Elgezabal, « la clé réside dans la préparation de projets bien structurés qui relient les priorités locales aux objectifs européens. Interreg Poctefa n’est pas seulement une source de financement, mais un pont entre les communautés partageant cette frontière ». Cette approche, qui combine vision locale et stratégie européenne, fait d’Interreg Poctefa « un moteur de transformation pour l’une des régions les plus dynamiques et diversifiées du continent », conclut cet expert.