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Défense

La Commission européenne présente le Livre blanc sur la défense

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La Commission européenne a présenté ce mercredi le Livre blanc sur la défense européenne, un plan destiné à renforcer les capacités militaires de l’Union européenne à l’horizon 2030. Ce document définit une série de mesures visant à accroître les investissements, à consolider l’industrie de défense européenne et à réduire la dépendance à l’égard d’alliés extérieurs, dans le but d’atteindre une plus grande autonomie stratégique en matière de sécurité et de défense.

Le Livre blanc identifie les lacunes actuelles des capacités de défense de l’UE et propose des solutions pour y remédier. Parmi les principales mesures figure la réduction des déficits critiques en matière de capacités militaires, en mettant particulièrement l’accent sur celles identifiées par les États membres. La Commission européenne entend également soutenir l’industrie de défense en augmentant la demande globale et en promouvant les acquisitions conjointes, afin d’optimiser les ressources et d’encourager la coopération entre les pays.

Un autre axe majeur concerne le soutien à l’Ukraine, à travers une aide militaire supplémentaire et une intégration accrue entre les industries de défense européennes et ukrainiennes. Cette initiative répond à la nécessité d’appuyer l’Ukraine dans le contexte de l’invasion russe, tout en renforçant la coopération en matière de défense dans la région.

Le document prévoit également un approfondissement du marché européen de la défense, en plaidant pour une simplification de la réglementation en vigueur afin de faciliter la collaboration entre les États membres et les entreprises du secteur. Par ailleurs, la Commission propose d’accélérer la transformation du secteur en adoptant des innovations de rupture, telles que l’intelligence artificielle et la technologie quantique, qui pourraient améliorer de manière significative les capacités militaires européennes.

Pour renforcer la préparation de l’Europe face à d’éventuels scénarios de crise, le Livre blanc recommande d’optimiser la mobilité militaire, le stockage stratégique et de renforcer les frontières extérieures, notamment la frontière terrestre avec la Russie et la Biélorussie. Ces mesures visent à garantir une réponse rapide et efficace face aux menaces potentielles pesant sur la sécurité du continent.

L’importance de renforcer les alliances avec des partenaires internationaux est également soulignée, afin de permettre à l’UE d’élargir son réseau de coopération en matière de sécurité et de défense et de faire face collectivement aux défis mondiaux dans ce domaine.

Le plan ReArm Europe

En parallèle du Livre blanc, la Commission européenne a présenté le plan ReArm Europe, qui prévoit un investissement de plus de 800 milliards d’euros dans le domaine de la défense. L’un des piliers du plan repose sur l’invitation adressée aux États membres à activer la clause dérogatoire nationale du Pacte de stabilité et de croissance. Cette mesure permettrait aux pays d’augmenter leurs dépenses de défense jusqu’à un maximum de 1,5 % du PIB par an, sur une période de quatre ans, afin d’élargir leur marge budgétaire pour renforcer leurs capacités militaires.

Une autre initiative du plan est la création d’un nouvel instrument spécifique baptisé Action de sécurité pour l’Europe (SAFE, selon son acronyme en anglais). La Commission européenne prévoit de lever jusqu’à 150 milliards d’euros sur les marchés de capitaux, en s’appuyant sur son approche de financement unifié, afin de permettre aux États membres d’accroître rapidement leurs investissements dans les capacités de défense. Ces fonds seraient alloués sous forme de prêts à long terme, assortis de conditions compétitives et avantageuses, qui devront être remboursés par les pays bénéficiaires. Ces prêts seraient garantis par le budget de l’UE.

Le SAFE permettrait aux États membres d’augmenter immédiatement leurs investissements en défense grâce à des acquisitions conjointes auprès de l’industrie de défense européenne, en privilégiant les capacités stratégiques. Cette initiative vise à garantir l’interopérabilité, la prévisibilité et la réduction des coûts, tout en consolidant la base industrielle de défense européenne. Par ailleurs, l’Ukraine ainsi que les pays de l’Association européenne de libre-échange (AELE) et de l’Espace économique européen (EEE) pourraient participer aux acquisitions conjointes et accéder à des marchés de défense communs.

Les pays candidats à l’adhésion à l’UE, ainsi que les partenaires en matière de sécurité et de défense, pourraient également se joindre aux acquisitions conjointes et contribuer à la demande globale. Ils auraient en outre la possibilité de négocier des accords spécifiques et mutuellement bénéfiques pour permettre la participation de leurs industries à ces processus.

Le plan ReArm Europe s’appuie également sur la Banque européenne d’investissement (BEI) pour élargir le champ d’application de ses financements à des projets de défense et de sécurité, sans compromettre sa capacité de financement dans d’autres secteurs. En plus de débloquer des fonds significatifs, cette mesure enverrait un signal positif aux marchés, en renforçant la confiance dans l’industrie européenne de la défense.

Enfin, la Commission européenne a adopté la Stratégie pour l’Union de l’épargne et de l’investissement, qui vise à faciliter la mobilisation de l’épargne privée vers des marchés de capitaux plus efficaces. Cette stratégie a pour objectif d’orienter les investissements vers des secteurs stratégiques, tels que la défense, pour les investisseurs intéressés, tout en complétant les investissements publics et en garantissant le financement nécessaire à l’industrie de défense, des start-ups aux grandes entreprises établies.