Aller aux nouvelles

Décarbonation

Vers des navires bas carbone en France

Appel à projets Corimer

L’Agence de la transition écologique (Ademe), dans le cadre du plan d’investissement France 2030, a reconduit l’appel à projets Corimer. Destiné aux acteurs de l’industrie maritime et fluviale, ce dispositif vise à accélérer la transition énergétique du secteur en soutenant des projets innovants permettant de réduire l’empreinte carbone des navires et bateaux. L’initiative, dont la date limite de dépôt des dossiers est le 15 octobre 2025, cible particulièrement les solutions visant à optimiser la consommation énergétique et à intégrer des énergies renouvelables dans la propulsion. Seules les technologies excluant l’usage des énergies fossiles sont éligibles. Une relève intermédiaire est fixée au 16 mai 2025, mais un prédépôt obligatoire doit être réalisé au minimum un mois avant le dépôt du dossier complet.

L’appel à projets Corimer – Navires bas carbone s’inscrit dans une volonté de structurer la filière maritime française autour d’innovations technologiques de rupture. L’objectif est de favoriser le développement et la mise en œuvre de nouvelles solutions pour décarboner le transport maritime et fluvial, que ce soit par l’amélioration de l’efficacité énergétique, l’optimisation des performances ou encore l’intégration de systèmes de propulsion alternatifs.

Les projets sélectionnés pourront bénéficier d’un financement pouvant atteindre 8 millions d’euros, sous forme de subventions et d’avances remboursables. Le montant minimal d’investissement requis dépend de la taille de l’entreprise : les PME doivent proposer des projets d’un coût total d’au moins 1 million d’euros, tandis que les grandes entreprises doivent présenter des initiatives à partir de 4 millions d’euros.

« Ce dispositif représente une opportunité stratégique pour les acteurs de l’industrie maritime et fluviale », souligne Parisa-Louise Darzi, coordinatrice des Projets Nationaux chez Zabala Innovation France. « Il leur permet de structurer leur développement technologique et de renforcer leur compétitivité sur un marché en pleine mutation », ajoute-t-elle.

L’appel à projets couvre une pluralité de solutions technologiques, qu’il s’agisse de systèmes permettant d’optimiser la trainée et de réduire la consommation d’énergie, de dispositifs d’aide à la conduite, ou encore de nouvelles générations de propulsions électriques ou véliques. L’enjeu est d’encourager le développement de briques technologiques et de démonstrateurs permettant de tester ces innovations en conditions réelles avant leur déploiement à grande échelle.

Maximiser l’impact environnemental

Afin de garantir l’impact environnemental des projets retenus, l’Ademe a défini un cadre strict d’éligibilité. L’utilisation d’énergies fossiles sous quelque forme que ce soit est exclue, y compris le gaz naturel liquéfié (GNL). De même, les projets impliquant l’usage de l’hydrogène ne sont pas concernés, celui-ci faisant l’objet d’un programme distinct dans le cadre de la stratégie nationale de développement de l’hydrogène décarboné.

Les initiatives doivent présenter un niveau de maturité technologique avancé, avec un objectif de niveau de maturité technologique (TRL, en anglais) 7 au minimum en fin de projet. Cela signifie que les solutions développées devront être suffisamment matures pour être testées et validées dans des conditions opérationnelles réelles. Par ailleurs, la nature des consortiums est encadrée : un projet peut être porté par une seule entreprise ou par un consortium limité à cinq partenaires maximum.

« L’enjeu de cet appel à projets est de structurer la filière en soutenant des solutions capables de passer rapidement du stade de la recherche à celui de l’application industrielle », explique Mme Darzi. « Les entreprises devront donc démontrer une approche robuste en matière de durabilité, de viabilité économique et de potentiel de marché. »

Une articulation avec d’autres dispositifs

L’appel à projets Corimer – Navires bas carbone s’inscrit dans la continuité des dispositifs mis en place dans le cadre de France 2030. Les projets retenus pourront être réorientés vers d’autres mécanismes de financement sans nécessiter de nouvelle candidature, notamment vers l’appel à projets Première usine ou le concours i-Nov.

« L’articulation avec les financements européens, tels qu’Horizon Europe ou Innovation Fund, constituera également un levier pour maximiser les opportunités de financement », précise Mme Darzi, qui estime que « les entreprises capables de s’inscrire dans une dynamique européenne bénéficieront d’un avantage stratégique pour l’industrialisation et l’exportation de leurs solutions ».

Cette complémentarité entre les dispositifs nationaux et européens vise à renforcer la compétitivité des entreprises françaises sur le marché international, en leur permettant de s’appuyer sur un écosystème de financement structuré et cohérent.

Un levier pour la compétitivité

Au-delà de l’enjeu environnemental, l’appel à projets Corimer – Navires bas carbone vise également à renforcer la souveraineté technologique de la France dans le domaine maritime et fluvial. En soutenant des projets innovants, l’Ademe entend positionner les industriels français sur le segment porteur des technologies bas carbone, et favoriser l’émergence d’une filière compétitive à l’échelle mondiale.

Avec une zone économique exclusive de 11 millions de kilomètres carrés, la deuxième plus vaste au monde, la France comptabilisait en 2022 près de 100 milliards d’euros en valeur de production pour sa branche maritime et fluviale, selon France Travail. « La France dispose déjà d’un savoir-faire reconnu dans le domaine naval, avec des chantiers de construction et des équipementiers parmi les plus avancés au monde. Cet appel à projets doit leur permettre de développer des solutions innovantes adaptées aux nouvelles contraintes réglementaires et aux exigences croissantes du marché en matière de transition énergétique », conclut Mme Darzi.