« La recherche fondamentale doit maintenir sa capacité à ouvrir de nouveaux horizons »

La recherche fondamentale – consistant en des travaux expérimentaux ou théoriques entrepris principalement en vue d’acquérir de nouvelles connaissances sur les fondements des phénomènes et des faits observables – est la pierre angulaire de bon nombre d’avancées scientifiques et sociales, et elle est essentiellement produite dans les universités et les centres de recherche. Composé d’une équipe en pleine ascension qui aide les responsables de projets disruptifs à trouver le financement nécessaire à leur réalisation, le domaine d’expertise Universités de Zabala Innovation est dirigé par notre collègue Germán Zango. Dans cet entretien, il analyse la situation de la recherche universitaire en Europe et les défis auxquels elle est confrontée.

Pourquoi Zabala Innovation a-t-elle décidé de consacrer un domaine d’expertise aux universités ?

La recherche fondamentale qui émane des universités et des organismes publics de recherche a été, est et sera le pilier de la science et, sans aucun doute, l’épine dorsale du développement et de l’innovation. D’ailleurs, la promotion et le soutien de la recherche scientifique occupent une place prépondérante dans le programme de financement Horizon Europe et constituent l’un de ses trois piliers, Science excellente. Il serait donc illogique que Zabala Innovation ne traite pas cette activité avec la même importance.

Nous comptons également plusieurs universités et centres de recherche dans notre portefeuille de clients, ainsi qu’un personnel technique doté d’une grande expérience et de connaissances préalables en matière de sciences fondamentales.

Les projets de recherche fondamentale sont à haut risque et à haut gain, puisqu’ils donnent lieu à des percées décisives, mais au prix de risques conceptuels et opérationnels élevés. Cela exige une approche où l’excellence scientifique est le principal critère d’évaluation. C’est différent comparé aux autres mécanismes européens de soutien à la R&D.

Quel rôle joue l’innovation dans l’université en Europe ?

La recherche fondamentale, dans laquelle l’Europe est historiquement un leader et une référence, naît de la nécessité d’élargir notre compréhension des phénomènes qui se produisent dans différents domaines, sans finalité pratique immédiate.

Récemment, cependant, d’autres puissances en dehors de l’UE ont pris la tête de la course à l’innovation appliquée, en promouvant et en monétisant les découvertes et les développements scientifiques par le biais de nouvelles industries et de nouveaux marchés.

L’activité de recherche menée dans les universités ne doit donc pas se limiter à approfondir notre compréhension du monde qui nous entoure, mais être également à l’origine de nouveaux matériaux, technologies, méthodologies et processus qui donnent lieu à des innovations ayant un fort impact environnemental, économique et social.

Quels centres ou pays sont à la pointe de la recherche fondamentale ?

Il n’est pas surprenant que les pays européens les plus riches ou ceux dont le PIB par habitant est le plus élevé de l’UE, tels que le Danemark, l’Autriche, la Suède et l’Allemagne, soient également ceux dont l’investissement annuel moyen dans la recherche scientifique est le plus élevé. Cela devrait nous convaincre qu’investir dans la science est effectivement un investissement rentable pour l’avenir d’un pays.

Nous avons également observé que les universités et les centres technologiques qui sont les plus actifs dans les projets européens et qui obtiennent le plus de financement font travailler un grand nombre de leurs équipes dans Horizon Europe et participent à la majorité des appels à projets de ce programme. Cela indique que les institutions académiques non seulement cultivent l’excellence scientifique comme une marque de fabrique, mais qu’elles accordent à la recherche de financement, à la gestion et à la promotion de l’innovation toute leur importance.

Quels sont aujourd’hui les besoins les plus pressants du secteur ?

Je dirais le fait de maintenir sa nature disruptive et sa capacité à ouvrir de nouveaux horizons, tout en avançant pour trouver des solutions aux énormes défis environnementaux, énergétiques, sociaux et sanitaires auxquels nous sommes confrontés.

La recherche universitaire doit être non seulement une réponse aux problèmes existants, mais aussi un créateur de tendances et une activité habilitante par définition. Les découvertes scientifiques majeures ouvrent la voie et établissent la feuille de route des futurs progrès technologiques.

L’annonce récente de percées majeures dans le développement et la réalisation d’étapes clés de la technologie de fusion nucléaire par les États-Unis en est un excellent exemple. Dans le meilleur des cas, cette technologie – l’une des plus grandes promesses d’avenir à moyen terme pour une source d’énergie totalement propre – aura encore besoin de décennies pour atteindre un degré de maturité suffisant pour être considérée comme une alternative viable. Toutefois, le pays qui sera à la tête de ces premiers stades de développement aura un avantage fondamental et occupera une position privilégiée dans le scénario géopolitique et économique à l’avenir.

Il est également nécessaire de mettre en œuvre toutes les mesures nécessaires pour que la carrière de chercheur puisse être considérée comme une carrière professionnelle permettant d’obtenir un emploi à long terme et une stabilité financière, partout en Europe.

La société est-elle consciente des travaux de recherche effectués dans le milieu universitaire ?

Je viens du monde de la recherche universitaire et je pense que ce secteur doit surmonter une certaine déconnexion avec les besoins réels des citoyens et mieux communiquer l’importance de ses activités pour la société.

De nombreuses innovations que nous utilisons dans notre vie quotidienne et que nous considérons comme acquises n’ont été possibles qu’en traversant des étapes clés de la recherche fondamentale et universitaire qui ont eu lieu il y a des années ou des décennies. En ce sens, l’une des tâches en suspens pour les chercheurs est de rendre la pertinence de leur travail et l’impact de leurs résultats et réalisations plus intelligibles et accessibles à la société, ainsi que de communiquer leurs résultats et avancées aux différents acteurs concernés, parmi lesquels le public occupe une position clé.

Dans ce contexte, quelle valeur ajoutée Zabala Innovation peut-elle apporter pour surmonter cet obstacle ?

En accord avec la Commission européenne, chez Zabala Innovation, nous encourageons et soutenons nos clients, principalement des universités et des centres de recherche, dans la préparation et la présentation de projets qui reflètent des concepts innovants dans le domaine de la recherche fondamentale, afin d’atteindre l’objectif de développer une science européenne d’excellence.

L’équipe du domaine d’expertise Universités est actuellement composée de six professionnels, tous dotés d’une expérience dans la recherche scientifique et d’un doctorat dans différentes branches de la connaissance. En outre, au sein de Zabala Innovation, nous avons la chance de disposer de plus de 70 professionnels titulaires d’un doctorat qui nous aident quotidiennement à analyser, préparer et examiner les projets de nos clients.

Avec plus de 20 propositions ERC examinées dans le cadre d’Horizon Europe et un taux de succès de 60 % dans les actions Marie Skłodowska-Curie, nous sommes sûrs de prendre les bonnes décisions afin d’obtenir un financement pour les projets scientifiques de nos clients.

Quels sont les principaux canaux par lesquels vous aidez les universités à financer des projets de recherche ?

Ils se trouvent majoritairement dans le pilier I d’Horizon Europe. Dans son cadre, plus de 25 milliards d’euros ont été investis pour soutenir la recherche exploratoire, améliorer les compétences des chercheurs et développer les réseaux d’infrastructures de recherche.

Le programme du Conseil européen de la recherche fournit un financement à long terme pour soutenir d’excellents chercheurs et leurs équipes de recherche afin de réaliser des innovations à haut risque et à fort impact dans tout domaine de recherche.

Les actions Marie Skłodowska-Curie soutiennent la formation et le développement de la carrière du personnel de recherche européen et mondial en finançant de programmes de doctorat, des programmes d’échange de personnel, des projets postdoctoraux individuels et des projets de collaboration.

L’objectif principal du programme Infrastructures de recherche est de doter l’Europe d’un écosystème complet d’infrastructures de recherche et de technologie de pointe, ouvertes et accessibles, capables d’offrir un catalogue de ressources et de services pour la recherche innovante et multidisciplinaire.

Pour terminer, les actions de coopération scientifique et technologique européenne de la COST contribuent à relier les initiatives de recherche européennes entre elles et permettent aux chercheurs et aux responsables de l’innovation de développer et d’améliorer leurs idées en favorisant un écosystème scientifique ouvert.

S’agit-il d’un monde où les différentes entités collaborent entre elles ou y a-t-il encore du travail à faire ?

La recherche fondamentale a cessé depuis longtemps d’être perçue selon l’image stéréotypée de chercheurs enfermés dans leurs laboratoires, isolés du monde extérieur. La recherche interdisciplinaire s’est avérée essentielle pour relever les défis mondiaux actuels et la Commission européenne insiste sur la nécessité de rechercher des solutions par la collaboration, en intégrant des domaines de recherche distincts dans un même projet afin de mieux comprendre une question complexe.

Un chercheur qui est ouvert à une collaboration constante avec d’autres domaines de connaissances pour résoudre un problème scientifique verra non seulement la qualité de ses recherches et l’impact de ses résultats s’améliorer, mais augmentera également ses chances d’obtenir des financements pour développer ses projets.

Les avantages que l’ère numérique a apportés en termes de partage d’informations et de données, ainsi que les possibilités de collaboration entre les universités et les équipes de recherche, sont énormes. Certains des programmes phares du premier pilier favorisent ces synergies en créant des réseaux de collaboration et d’échange entre les universités. La mise en œuvre d’initiatives telles que l’European Open Science Cloud a également été essentielle pour favoriser cet écosystème de coopération.

Il ne s’agit pas seulement de soutenir des projets et des opportunités destinés au monde universitaire, mais aussi de créer une nouvelle génération de professionnels hautement qualifiés et de stimuler leur employabilité en dehors du milieu universitaire. Par conséquent, les synergies avec l’industrie et avec les entreprises privées jouent un rôle très important, par exemple dans les actions Marie Skłodowska-Curie.

Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes actuellement confrontés dans votre domaine d’expertise ?

D’une part, nous devons suivre constamment les avancées scientifiques afin d’aider nos clients à élaborer des propositions innovantes et disruptives. D’autre part, des programmes tels que le Conseil européen de la recherche affichent des taux de succès globaux parmi les plus bas d’Horizon Europe, inférieurs à 10 %. Un autre de nos défis est donc de maintenir et d’améliorer les taux de succès de Zabala Innovation, qui sont déjà supérieurs à la moyenne européenne, dans ces programmes.

Nous sommes conscients que les chercheurs mettent tout leur enthousiasme et leurs espoirs dans des projets auxquels ils croient fermement et auxquels ils sont prêts à consacrer les années suivantes de leur vie professionnelle. Notre objectif est de les accompagner avec les meilleures garanties possibles d’être financées dans un environnement aussi compétitif que celui des subventions européennes.

Découvrez le travail du domaine d’expertise Universités de Zabala Innovation dans cette vidéo.