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Horizon Europe

La France, seconde bénéficiaire d’Horizon Europe, face au défi de la coordination de projets

Horizon Europe bilan

Avec une enveloppe de 4,8 milliards d’euros captés à mi-parcours, la France se hisse à la deuxième place des bénéficiaires d’Horizon Europe, le programme-cadre de la R&D et Innovation de l’Union européenne pour la période 2021-2027, derrière l’Allemagne et devant l’Espagne. Une progression notable par rapport au programme précédent, Horizon 2020, ce qui témoigne d’une mobilisation accrue des acteurs français de la recherche et de l’innovation. Pourtant, un défi persiste : la coordination des projets collaboratifs reste insuffisante. Avec un taux de coordination de 8,6 % des projets collaboratifs retenus, la France demeure en retrait par rapport à ses voisins européens, selon un Bilan à mi-parcours de la participation française à Horizon Europe, récemment publié par le ministère de l’Enseignement supérieur.

D’un point de vue financier, donc, la France a renforcé sa position en captant 11,4 % des financements d’Horizon Europe, contre 10,8 % sous Horizon 2020. Cette progression est portée par une hausse de 44 % des financements obtenus par an, passant de 1,04 milliard d’euros sous H2020 à 1,49 milliard d’euros actuellement. Cette montée en puissance ne se traduit cependant pas sur le plan de la coordination des projets. La France reste en quatrième position, loin derrière l’Espagne (15,9 %), l’Italie (10,9 %) et l’Allemagne (10,2 %). Ce constat n’est pas nouveau, mais il souligne une difficulté structurelle à porter des projets à l’échelle européenne.

« La coordination est un levier essentiel pour maximiser l’impact et la visibilité de la France dans le cadre des projets de recherche et d’innovation. Mais elle nécessite de ressources, de temps et d’une expertise que tous les acteurs n’ont pas encore pleinement intégrée », explique Sara Marin, coordinatrice des opérations Projets européens en France chez Zabala Innovation.

Depuis 2022, une légère reprise est observée, après une baisse continue entre 2019 et 2021. Des dispositifs de soutien ont été mis en place par l’État, comme l’aide au Montage de Réseaux Scientifiques Européens et Internationaux (MRSEI) ou encore le Diagnostic Partenariat pour les projets collaboratifs des entreprises proposé par Bpifrance. Mais ces initiatives n’ont pas encore permis d’inverser la tendance et restent encore peu connues.

Un vivier sous-exploité

L’une des révélations marquantes du rapport reste l’écart flagrant dans la distribution de ces financements. Les chiffres révèlent une disparité notable entre les laboratoires académiques (57 % des fonds), les entreprises privé (34 %), et les organismes publics et autres structures (9 %). Ces statistiques diffèrent grandement de voisins de l’Hexagone, révélatrices des spécificités du paysage français.  Certains acteurs passent à côté de ces financements pourtant disponibles. « Les établissements d’enseignement supérieur français pourraient jouer un rôle plus actif dans Horizon Europe. Mais ils sont souvent contraints par des spécificités structurelles, comme le statut des unités mixtes de recherche (UMR), qui compliquent leur participation directe », observe Mme Marin.

En comparaison, les entreprises françaises s’en sortent bien : avec 1,64 milliard d’euros obtenus, elles se positionnent devant leurs homologues espagnoles (1,42 milliard) et italiennes (1,18 milliard), mais restent derrière les entreprises allemandes (1,95 milliard). Selon cette experte, « les entreprises françaises ont bien intégré l’intérêt des financements européens, mais il reste des marges de progression, notamment sur la structuration de consortiums internationaux ».

Des financements demandés en baisse

Si les montants obtenus sont en hausse, la France demande paradoxalement moins de financements qu’auparavant. Avec 16 milliards d’euros sollicités sur les trois premières années d’Horizon Europe, contre 17,2 milliards sous Horizon 2020, la tendance est à la baisse. Ce recul s’accompagne d’une diminution du nombre de candidatures françaises, plaçant le pays en quatrième position en volume de propositions soumises, derrière l’Espagne, l’Allemagne et l’Italie.

Malgré cette dynamique, la France affiche l’un des taux de succès les plus élevés de l’UE, atteignant 30 % en 2023, contre 15,9 % sous H2020. Un taux qui montre que les projets français sont de qualité. « Moins de candidatures signifie aussi moins d’opportunités de financement. Nous encourageons vivement les acteurs à se positionner davantage sur les appels à projets européens », insiste, à ce propos, Mme Marin.

Côté partenariats, l’Allemagne reste le partenaire privilégié de la France avec plus de 2 300 projets communs, suivie de l’Espagne (2 036) et de l’Italie (2 014). Parmi les principaux acteurs français, on retrouve sans surprise le CNRS, le CEA et l’Inserm, qui concentrent une part importante des financements. Mais cette dynamique pourrait être remise en question par le retour du Royaume-Uni dans Horizon Europe, suite à son accord d’association signé fin 2023. Dès le 1er janvier 2024, les acteurs britanniques ont retrouvé un accès aux financements européens, augmentant ainsi la compétition pour les projets.

L’enjeu de la coordination des projets européens

L’enjeu de la coordination de projets européens reste alors crucial. « La France dispose d’un immense potentiel en recherche et innovation, mais elle doit maintenant se donner les moyens d’être un moteur, et non plus seulement un acteur, dans la dynamique européenne. La coordination des projets n’est pas qu’une question administrative, c’est une question d’influence et d’impact scientifique », dit Mme Marin.

Et de conclure : « Zabala Innovation propose de soutenir ses clients français dans les étapes clés de la préparation d’une proposition de projet, en enlevant une grosse partie de charge du coordinateur. Le soutien d’un cabinet d’experts peut se révéler essentiel non seulement pour augmenter les chances de succès mais également pour aider les bénéficiaires d’un financement à le sécuriser et à mener à bien les aspects liés à la gestion et à la communication et dissémination. »