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Agroalimentaire

Vers une réduction des produits phytopharmaceutiques dans l’agriculture française

appel a manifestation d'intéret PRAAM

Dans le cadre de la Stratégie d’accélération Systèmes agricoles durables et équipements agricoles contribuant à la transition écologique, le Gouvernement a lancé l’appel à manifestation d’intérêt PRAAM (Prise de risque amont aval et massification de pratiques visant à réduire l’usage des produits phytopharmaceutiques sur les exploitations agricoles). Opéré par Bpifrance, ce dispositif, ouvert jusqu’au 29 novembre 2024, a pour objectif de préparer le futur appel à projets PRAAM, attendu au premier semestre 2025, et d’identifier les initiatives pertinentes susceptibles d’être accompagnées dans cette perspective.

Ce dispositif s’inscrit dans une logique de transition écologique, cherchant à inciter au développement et à la mise en œuvre de systèmes de pratiques agricoles intégrant divers leviers, dont certains ont déjà été éprouvés isolément. L’enjeu est d’articuler ces leviers, allant des pratiques agronomiques à la diversification des cultures, pour réduire l’usage des produits phytopharmaceutiques tout en maintenant, voire en améliorant, les performances agricoles.

Bénéficiaires et objectifs de l’appel à manifestation d’intérêt PRAAM

L’appel à manifestation d’intérêt PRAAM s’adresse principalement aux opérateurs économiques impliqués dans la valorisation des produits agricoles et en lien direct avec l’amont agricole. Sont particulièrement visés les producteurs organisés en coopératives ou sous contrat avec leur transformateur, les organisations de producteurs, ainsi que les acteurs de l’aval, comme les transformateurs agroalimentaires et les distributeurs. Ces opérateurs sont invités à soumettre des projets mettant en avant des stratégies innovantes de protection des cultures, avec une attention particulière à la création de liens durables entre les utilisateurs finaux (les agriculteurs) et les entreprises locales proposant des solutions alternatives aux produits phytopharmaceutiques.

Parmi les objectifs clés du PRAAM figure l’encouragement à la prise de risque, tant sur le plan économique qu’agronomique. En effet, l’un des freins majeurs à la transition vers des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement est l’absence de débouchés suffisamment valorisés pour les produits issus de ces nouvelles pratiques, ainsi que le manque de mécanismes assurantiels garantissant un revenu stable aux agriculteurs en cas de pertes liées à ces changements. Le PRAAM vise donc à encourager le développement de modèles contractuels innovants entre agriculteurs et acteurs économiques, pour mieux valoriser ces pratiques et sécuriser les revenus des producteurs.

L’accompagnement sur la durée de la transition est également un élément central du PRAAM. Les projets devront s’inscrire dans un cadre temporel suffisamment long pour permettre une évaluation rigoureuse des résultats en matière de réduction de l’usage des produits phytopharmaceutiques. Le soutien des entreprises locales proposant des solutions alternatives est une autre priorité du dispositif. Ces entreprises, en lien direct avec les agriculteurs, sont encouragées à développer des technologies et services innovants répondant aux besoins des utilisateurs finaux.

Un positionnement en amont du futur appel à projets

Le PRAAM se distingue par son approche systémique et territoriale. Il ne s’agit pas simplement de soutenir des innovations isolées, mais bien de créer un écosystème local où les différents acteurs — agriculteurs, entreprises, collectivités, institutions de recherche — collaborent pour tester, déployer et généraliser des pratiques agricoles alternatives à grande échelle. Cette approche doit permettre de surmonter les obstacles liés à la diffusion de nouvelles pratiques, en favorisant l’émergence de modèles économiques durables et en créant des conditions favorables à l’adoption de ces pratiques par un nombre croissant d’agriculteurs.

L’appel à manifestation d’intérêt PRAAM est conçu pour identifier les projets les plus prometteurs, qui seront ensuite soutenus dans le cadre de l’appel à projets prévu pour 2025. Les initiatives sélectionnées bénéficieront d’un accompagnement spécifique, incluant la mise en relation avec d’autres porteurs de projets afin de favoriser la constitution de consortiums solides et pertinents. Ce travail de préfiguration permettra d’adapter le futur cahier des charges de l’appel à projets aux besoins réels des acteurs du secteur, tout en respectant les cadres réglementaires en matière d’aides d’État.

Il est à noter que cet appel à manifestation d’intérêt ne prévoit pas d’accompagnement financier direct, mais il offre une opportunité stratégique pour les acteurs de se positionner en amont de l’appel à projets, d’affiner leurs propositions et de se préparer à candidater dans des conditions optimales. Les projets devront démontrer une capacité à atteindre des résultats mesurables, tant en termes de performance environnementale que de retombées économiques et sociales. L’implication de tiers de confiance, qu’il s’agisse d’instituts techniques, d’organismes de recherche ou d’acteurs publics, sera également cruciale pour valider la cohérence et la pertinence des solutions proposées.