Aller aux nouvelles

Hydrogène décarboné

La France prépare une nouvelle stratégie pour l’hydrogène vert

strategie hydrogene decarbone

Atteindre zéro émissions nettes dans l’industrie en 2050 : en novembre de l’année dernière, le président de la République fixait cet objectif devant les représentants des 50 plus grands émetteurs français convoqués à l’Elysée. Quelque mois après, le 5 avril dernier, 46 parmi eux ont présenté leur feuille de route pour décarboner l’industrie. Or, ce changement radical ne sera pas possible sans l’hydrogène vert, qui en est la « clé de voûte », selon le gouvernement. Voilà pourquoi le ministère de la Transition Energétique et celui chargé de l’Industrie travaillent conjointement à une actualisation de la stratégie nationale hydrogène, qu’ils sont censés soumettre au chef de l’État avant la fin du premier semestre 2023. Son objectif ? « Une accélération drastique du déploiement de l’hydrogène afin qu’il devienne une véritable commodité industrielle accessible à un coût compétitif pour tous les acteurs », lit-on dans un communiqué du ministère chargé de l’Industrie.

Quelles sont les actions sur l’hydrogène ?

Appel à projets Ecosystèmes territoriaux d’hydrogène

Dans ce cadre, l’appel à projets Ecosystèmes territoriaux d’hydrogène adresse le développement d’écosystèmes qui combinent à l’échelle d’un territoire la production, la distribution et les usages (qu’ils soient industriels ou de mobilité) de l’hydrogène renouvelable ou bas-carbone. Relancé ce mois-ci, ce dispositif se clôturera le 29 septembre 2023. 

Dotée d’un budget de 175 millions d’euros, cette nouvelle édition du dispositif met l’accent sur la réduction des coûts par le biais de projets plus ambitieux en termes d’usages et de puissance installée. Il présente trois catégories d’écosystèmes territoriaux hydrogène qui pourront être soutenues: nouveaux écosystèmes avec usages industriels majoritaires (20 millions d’euros), nouveaux écosystèmes avec usages mobilité majoritaires (130 millions d’euros), extension d’écosystèmes existants via de nouveaux usages mobilité (25 millions d’euros).

Appel à projets Briques et démonstrateurs hydrogène

Piloté, tout comme l’appel à projet antérieur, par l’Agence de la transition écologique (Ademe), l’appel à projets Briques et démonstrateurs hydrogène vise à soutenir l’innovation, développer ou améliorer les composants et systèmes liés à la production et au transport d’hydrogène, et à ses usages tels que les applications, industrielles, de transport ou de fourniture d’énergie. Ce dispositif s’adresse également aux projets de démonstrateurs, de pilotes ou de premières commerciales sur le territoire national, permettant à la filière de développer de nouvelles solutions et de se structurer. Il se clôturera le 19 décembre 2024, avec des relèves intermédiaires le 23 juin 2023, et le 3 janvier et le 21 juin 2024.

Les projets doivent correspondre à, au moins, l’un des quatre axes thématiques dont se compose cet appel à projets hydrogène.

Briques technologiques : composants et systèmes innovants. Il s’agit de projets portant sur l’un des maillons de la chaîne technologique de l’hydrogène, de la production à son utilisation finale, pour des applications dans l’industrie, le transport et la mobilité, l’énergie et les réseaux.

Pilotes ou premières commerciales innovants industriels et réseaux, fourniture temporaire ou localisée d’énergie. Cet axe recouvre : l’emploi d’hydrogène ou de méthane de synthèse après une étape de méthanation dans son environnement d’exploitation ; l’interaction entre réseaux électrique et gazier et la sécurité des installations où on injecte de l’hydrogène ou du méthane de synthèse ; la conversion d’infrastructures gaz en boucles locales d’hydrogène pur ; et les solutions de fourniture d’électricité décentralisée à partir d’hydrogène.

Conception et démonstration de nouveaux véhicules électriques hydrogène innovants. Cet axe porte sur les innovations relatives aux équipements tels que réservoirs et pile à combustible, à leur intégration dans les véhicules et à la démonstration de nouveau véhicules électriques hydrogène innovants dans leur environnement d’usage.

Ecoconception et recyclabilité. Ce quatrième axe peut être mobilisé en complément des autres axes. Les projets pourront porter sur des travaux d’écoconception ou de recyclabilité des systèmes, procédés, ou produits proposés, et ce, sur l’ensemble de la chaîne technologique de l’hydrogène.

Quelle est la stratégie hydrogène décarboné ?

À l’occasion de la dernière Assemblée Générale de France Hydrogène, en décembre dernier, le ministre délégué chargé de l’Industrie, Roland Lescure, annonçait que la mise à jour de la stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène décarboné en France – qui devra intégrer le contexte international et la crise énergétique que traverse la France et, plus en général, l’Europe – pivotera autour de trois axes.

Mutualisation de la production dans les hubs

La nouvelle stratégie étalera un schéma opérationnel pour les hubs hydrogène, ces écosystèmes territoriaux qui associent production et consommation afin de structurer la filière d’une façon plus solide. La mutualisation de la production dans ces hubs constitue une des nouveautés sur lesquelles travaillent les deux ministères afin d’abaisser les coûts et favoriser le développement d’activités industrielles décarbonées.

Accès à l’électricité verte

Bien qu’encore très peu développée, l’électrolyse de l’eau est, à ce stade, le seul procédé qui permet une production massive d’hydrogène sans émission de CO2. Alors qu’en 2020, en France, seulement 6 % de l’hydrogène était produit à partir d’électricité et d’eau – le reste étant issu de l’utilisation d’énergies fossiles – l’accès des hubs hydrogène à une électricité décarbonée est donc également un des grands enjeux de la nouvelle stratégie.

Équipements

Celle-ci devra pareillement prévoir la maîtrise des équipements liés à l’hydrogène dans le contexte d’un marché mondial en croissance rapide, afin d’assurer à la France une position cruciale. Elle étudiera la compétitivité de la production d’hydrogène sur la base de l’électricité du réseau électrique national, que ce soit par le recours à des contrats de long terme pour l’alimentation en électricité des électrolyseurs ou bien par un soutien au prix pour aider au déploiement des capacités de production.

Pourquoi l’hydrogène devient une technologie stratégique ?

La France a été un des premiers pays industrialisés à se doter d’un plan hydrogène en 2018, puis d’une stratégie nationale deux ans plus tard. Fin 2021, la stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène décarboné en France est intégrée dans France 2030, le tout nouveau plan d’investissement du gouvernement. Doté d’une enveloppe de 9 milliards d’euros, l’ambition de faire de la France le leader de l’hydrogène décarboné est désormais l’un des 11 grands objectifs du plan.

Cela signifie installer 6,5 GW de capacité d’électrolyse à l’horizon 2030, ce qui représente la production de 600 kt par an d’hydrogène décarboné. Il se révèle également nécessaire de développer les technologies, les équipements et les usages pertinents de l’hydrogène, pour les mobilités lourdes (avions, bateaux, trains, car, bus…) et la décarbonation de certaines industries, telles que la cimenterie, la sidérurgie, la chimie, la verrerie et les engrais, entre autres.