Avis d'experts
Commission européenne
SET-IndEU et les nouvelles lignes directrices de la Commission européenne
Maria Laura Trifiletti
Consultante senior en Projets européens
Commission européenne
Le plan de la présidente Ursula von der Leyen favorise l’autonomie technologique, la coopération interne et la création d’un Fonds européen pour la compétitivité
Directeur du bureau d’Andalousie
Cet été, une analyse approfondie du nouveau programme présenté par Ursula von der Leyen avant sa réélection à la présidence de la Commission européenne a été cruciale pour comprendre les stratégies qu’elle compte déployer. Comme attendu, le document met en avant des aspects essentiels tels que la compétitivité, la défense et les enjeux sociaux. Cependant, ce sont les mesures concernant l’innovation et la santé qui se démarquent particulièrement, marquées par l’influence claire du rapport Letta, publié en avril de cette année. Cette approche holistique vise non seulement à permettre à l’UE de relever les défis actuels, mais aussi à la positionner comme un leader mondial dans les années à venir.
Le programme prévoit la création d’un Fonds européen de compétitivité dans le cadre du budget 2028-2033. Ce fonds représente une évolution du fonds de souveraineté qui n’a jamais vu le jour, mais avec un objectif plus ambitieux et stratégique : développer de nouvelles technologies tout en veillant à ce que leur production reste en Europe, renforçant ainsi l’autonomie technologique de la région. Il s’agit donc d’investir dans des technologies critiques pour l’avenir de l’Europe, telles que l’intelligence artificielle, l’industrie spatiale, les technologies propres et la biotechnologie.
Cette mesure est cruciale dans un contexte mondial où la compétition pour la suprématie technologique devient de plus en plus intense, et où l’Europe ne peut se permettre de prendre du retard.
Une autre mesure phare est la réforme et le renforcement des Projets Importants d’Intérêt Commun Européens (IPCEI, en anglais), soutenus par le Fonds européen de compétitivité. Ces projets permettent aux pays européens d’unir leurs forces et d’investir conjointement dans des initiatives ambitieuses ayant un impact significatif sur le continent.
Jusqu’à présent, les IPCEI ont prouvé leur valeur dans des domaines tels que les batteries, l’hydrogène et la microélectronique. Von der Leyen s’engage à les rendre plus accessibles et efficaces. Le programme prévoit de simplifier et d’accélérer la mise en place de ces projets, avec une nouvelle série d’initiatives prévue début 2025. Cela accélérera l’innovation dans les secteurs clés et encouragera la coopération entre les États membres, renforçant ainsi la cohésion interne de l’UE.
L’intelligence artificielle est l’une des technologies les plus disruptives de notre époque, et l’Europe ne peut se permettre de rester à la traîne dans son développement et son application. La création d’un Conseil européen de la recherche sur l’intelligence artificielle se révèle donc nécessaire et est un autre pilier du programme. Ce conseil vise à unifier les ressources européennes dans ce domaine, en centralisant les efforts sur l’intelligence artificielle, adoptant une approche collaborative similaire à celle du CERN.
La création de Fabriques d’intelligence artificielle fera également partie de cette initiative, consolidant l’engagement de l’UE envers cette technologie. Cette mesure reflète une vision à long terme, où l’Europe ne se contente pas d’adopter l’IA, mais en devient également un leader, s’assurant que les bénéfices économiques et sociaux restent sur le continent.
Prévue pour 2025, la nouvelle loi européenne sur la biotechnologie a pour objectif de faciliter la transition de la biotechnologie du laboratoire à la production industrielle, dans le cadre d’une stratégie européenne pour les sciences de la vie.
Ce cadre législatif fera partie d’une stratégie plus large visant à positionner l’Europe en tant que leader dans un domaine crucial pour la santé et l’agriculture. La biotechnologie est un secteur au potentiel énorme pour transformer des industries entières, et cette loi vise à garantir que l’Europe soit à la pointe de ces innovations. En outre, elle favorisera un environnement réglementaire propice à la création et à la croissance de nouvelles entreprises biotechnologiques sur le marché européen.
L’un des défis les plus critiques pour les startups et entreprises émergentes européennes est le financement. Le programme de Von der Leyen aborde ce défi en proposant des mesures qui facilitent la prise de risque par les banques, les investisseurs et les capitaux-risque, évitant ainsi que ces entreprises ne soient obligées de chercher des financements sur des marchés extérieurs au continent.
Cet aspect est vital pour retenir les talents et les innovations en Europe, en renforçant l’écosystème des startups et en permettant à ces entreprises de se développer et de concurrencer à l’échelle mondiale. L’innovation disruptive est fondamentale pour la croissance économique à long terme, et ce plan vise à garantir que l’Europe ne se contente pas de participer, mais qu’elle dirige ce processus.
Le programme inclut également une révision de la directive européenne sur les marchés publics, qui permettra de privilégier les produits européens dans les secteurs stratégiques. Cela contribuera non seulement à garantir la valeur de l’UE pour ses citoyens, mais aussi à renforcer la sécurité de l’approvisionnement en technologies et produits essentiels.
Les nouvelles règles de passation de marchés publics seront également adaptées pour inclure les startups et les innovateurs européens, facilitant leur accès au marché et favorisant l’innovation sur le continent. Cette mesure renforce l’idée d’une Europe plus autosuffisante et capable de rivaliser sur la scène mondiale, sans dépendre excessivement d’acteurs extérieurs.
Suivant les recommandations du rapport Letta, le programme propose la création d’une Union européenne de l’épargne et des investissements, intégrant les systèmes bancaires et les marchés de capitaux. Cette initiative a le potentiel de renforcer considérablement l’économie du continent en facilitant l’accès au financement pour les entreprises et les projets innovants.
En créant un marché financier plus intégré et accessible, l’UE pourrait améliorer la mobilisation du capital et favoriser une croissance économique plus robuste et durable. Cette mesure est particulièrement importante à un moment où l’économie mondiale fait face à des défis majeurs, et où l’Europe doit se préparer à y répondre efficacement.
Enfin, le programme inclut une loi sur les médicaments essentiels, conçue pour réduire la dépendance de l’UE à l’égard des médicaments et des ingrédients essentiels. Cette mesure garantira un approvisionnement stable et fiable pour tous les citoyens européens, un aspect crucial souligné par la récente pandémie. En renforçant la production interne de médicaments essentiels, l’Europe améliore non seulement sa sécurité sanitaire, mais elle protège également ses citoyens contre de futures crises mondiales.
Bien que le programme d’Ursula von der Leyen soit ambitieux et couvre des aspects clés pour l’avenir de l’Europe, plusieurs points mériteraient d’être approfondis.
L’une des questions qui semble avoir été reléguée au second plan est la politique de cohésion. Il est compréhensible que, dans un contexte où l’accent est mis sur le voisinage et l’élargissement, ce domaine ait perdu en importance. Cependant, la cohésion reste essentielle pour s’assurer que toutes les régions d’Europe bénéficient de la croissance et de l’innovation.
Négliger cet aspect pourrait créer un sentiment d’abandon dans les États membres plus petits ou moins développés, qui considèrent la cohésion comme un pilier essentiel pour réduire les inégalités internes au sein de l’UE. Un équilibre plus juste, prenant en compte à la fois l’intégration de nouveaux membres et la cohésion interne, pourrait renforcer encore davantage l’unité du continent et réduire les disparités économiques et sociales entre ses régions.
Le programme met également un accent considérable sur la simplification de la bureaucratie comme élément clé pour favoriser le développement économique. Bien que la réduction des formalités administratives puisse effectivement faciliter la croissance des entreprises, je pense que cet aspect pourrait être surévalué.
Il est vrai que la simplification des démarches peut encourager le développement économique, mais se concentrer exclusivement sur cet aspect pourrait alimenter les discours eurosceptiques, qui critiquent l’UE pour son excès de régulation. Plutôt que de se concentrer uniquement sur la bureaucratie, il aurait été préférable de mettre davantage l’accent sur la création d’un environnement réglementaire qui favorise l’innovation sans sacrifier les normes de qualité et de sécurité essentielles au bien-être des citoyens européens.
J’ai été agréablement surpris de voir l’importance accordée à la démocratie et aux valeurs au-delà de simples déclarations de principe. Cela rappelle que, au fond, l’Union européenne n’est pas seulement un projet économique, mais aussi un projet politique fondé sur des valeurs partagées.
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