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Relance

France 2030 face au défi de la transformation économique

plan france 2030

Lancé en octobre 2022, le plan France 2030 s’est imposé comme l’un des leviers de transformation de l’économie française les plus importants. Pensé pour faire entrer le pays dans une nouvelle ère industrielle, écologique et technologique, ce programme d’envergure bénéficie d’une enveloppe totale de 54 milliards d’euros. À ce jour, 38 milliards ont déjà été engagés dans des projets à fort impact. Et ce plan n’a pas dit son dernier mot : 15 milliards d’euros restent encore à mobiliser, avec une priorité donnée aux secteurs stratégiques tels que l’énergie, la santé, l’industrie, ou encore le spatial.

Selon Parisa-Louise Darzi, coordinatrice des projets nationaux pour la France chez Zabala Innovation, France 2030 représente bien plus qu’un simple plan de relance : « Il s’agit d’une opportunité unique pour positionner la France comme un leader mondial dans plusieurs domaines stratégiques. » Son objectif est d’anticiper les grands défis à venir en investissant massivement dans la recherche, l’innovation et la décarbonation de l’économie française. Une vision tournée vers l’avenir, où le progrès technologique ne s’oppose pas à l’exigence écologique, mais s’y associe.

« Cet élan s’appuie sur des appels à projets, des partenariats publics-privés, et une volonté de soutenir l’innovation dans toutes ses dimensions, du laboratoire jusqu’à la chaîne de production », ajoute Mme Darzi. Le gouvernement a déjà lancé ou relancé plus de 25 dispositifs dans ce cadre.

Décarboner l’industrie : une priorité absolue

Parmi les priorités les plus marquées du plan, la transition énergétique et la lutte contre le changement climatique occupent une place centrale. Sur les 38 milliards déjà investis, une part significative est consacrée à la décarbonation de l’industrie. À ce jour, 1 540 millions d’euros ont été attribués à 368 projets dans ce domaine, avec un objectif ambitieux : réduire de 35 % les émissions de CO₂ de l’industrie française d’ici 2030. « Ce chiffre, qui peut sembler élevé, est à la hauteur des enjeux environnementaux mondiaux et de l’urgence climatique », explique Mme Darzi.

L’hydrogène bas carbone constitue un autre pilier fondamental de cette stratégie. Avec 1 467 millions d’euros injectés dans 177 projets, la France entend développer une capacité d’électrolyse installée de 0,8 GW dès 2026, et espère générer entre 50 000 et 100 000 emplois directs et indirects dans la filière. Ce secteur pourrait bien devenir l’un des nouveaux moteurs de l’économie verte française.

Le retour du nucléaire et l’automobile

Autre secteur soutenu avec vigueur : le nucléaire. Longtemps sujet à controverse, il revient aujourd’hui sur le devant de la scène comme une solution incontournable pour garantir une énergie décarbonée et souveraine. France 2030 y a consacré jusqu’ici 626 millions d’euros, répartis sur 57 projets, notamment pour le développement de réacteurs modulaires innovants et la gestion optimisée des déchets faiblement radioactifs. Pour 2030, l’objectif est de mettre en service le premier réacteur modulaire innovant.

L’industrie automobile, elle aussi en pleine mutation, a déjà bénéficié d’un appui massif de 3 788 millions d’euros. L’enjeu est de taille : réussir à produire, d’ici 2030, deux millions de véhicules électriques et hybrides chaque année sur le territoire. « La transition vers une mobilité durable est un enjeu majeur pour notre compétitivité », rappelle, à ce propos, Mme Darzi. « Il s’agit non seulement d’accélérer le verdissement du parc automobile, mais aussi de préserver les emplois et de renforcer l’autonomie industrielle de la France dans ce domaine », ajoute-t-elle.

La santé, le spatial, l’agroalimentaire

La santé, en particulier la recherche biomédicale, figure également parmi les grandes priorités de France 2030. Avec 3 463 millions d’euros investis dans 552 projets et avec les fonds encore disponibles, la France espère produire au moins 20 biomédicaments d’ici la fin de la décennie. Ces innovations pourraient révolutionner le traitement de nombreuses maladies et conforter la place du pays dans le peloton de tête de la recherche pharmaceutique mondiale.

Le secteur spatial, souvent discret dans les débats publics, n’est pas en reste. Il a déjà bénéficié d’une enveloppe de 1 052 millions d’euros, consacrée à 99 projets visant à renforcer la souveraineté technologique française et à stimuler l’innovation dans ce domaine hautement stratégique.

Quant à l’agriculture et à l’alimentation durable, elles ont reçu une attention particulière avec 1 042 millions d’euros alloués à 487 projets. Parmi les objectifs : doubler les surfaces cultivées en légumineuses, un enjeu de souveraineté alimentaire, et augmenter de 20 % les emplois dans les filières agroalimentaires.

L’impact du plan France 2030 sur l’économie régionale

Depuis son lancement, France 2030 a déjà permis de soutenir 7 457 projets à travers le pays, dont près de 1 000 sur le volet régionalisé. Le dynamisme local est au cœur de la stratégie, avec une forte mobilisation des entreprises de toutes tailles : les PME, ETI et TPE représentent 55 % des bénéficiaires. Un signal fort envoyé aux acteurs de terrain, vu que « le soutien aux entreprises locales est crucial pour dynamiser l’économie régionale », insiste Mme Darzi.

Au total, près de 200 000 emplois ont été mobilisés dans le cadre de ces projets. Dans les intentions du gouvernement, ce n’est qu’un début. La dynamique enclenchée par ce plan d’investissement devrait continuer à générer des retombées économiques et sociales majeures dans les années à venir.

Par ailleurs, l’accent mis sur l’innovation se traduit déjà par une montée en puissance de la recherche française, avec plus de 6 000 dépôts de brevets envisagés. « Autant d’indices qui laissent présager une certaine renaissance industrielle, capable de réconcilier technologie, écologie et compétitivité », conclut Mme Darzi.