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Un soutien pour accélérer l’innovation dans les transports en France
Lancé par l’Agence de l’Innovation pour les Transports, le programme Propulse se clôturera le 30 septembre 2024
Semaine de la mobilité
Sergio Úbeda, responsable du domaine d’expertise Transports chez Zabala Innovation, souligne le déploiement d’infrastructures, la sensibilisation sociale et la réglementation comme des défis clés pour ce secteur
La mobilité est au cœur d’une stratégie dédiée de la Commission européenne et au centre d’une campagne de sensibilisation d’une semaine à travers l’UE. L’édition de cette année de la Semaine européenne de la Mobilité, qui a débuté lundi, met en avant la transformation en cours du secteur. Pour Sergio Úbeda, responsable du secteur des Transports chez Zabala Innovation, le secteur fait encore face à des défis majeurs, comme le manque d’infrastructures de recharge et la réglementation des nouvelles technologies. Néanmoins, à l’horizon de cinq ans, les tendances clés seront « la durabilité, notamment en ce qui concerne l’utilisation de carburants alternatifs, et la gestion centralisée des différents modes de transport et l’intermodalité ». La tendance la plus prometteuse est principalement « la numérisation », assure cet expert.
Quels défis la transition vers des flottes de véhicules électriques pose-t-elle, en particulier dans le transport de marchandises ? Comment aborde-t-on le problème des infrastructures de recharge ?
L’absence d’un réseau de recharge adéquat pour ces véhicules est l’un des plus grands obstacles à leur déploiement massif dans les flottes, et affecte l’efficacité requise dans ce type de services. Le manque de points de recharge à haute puissance et rapide est critique, surtout pour couvrir de longues distances et respecter des délais serrés de livraison. L’UE et les États membres encouragent l’investissement dans les infrastructures de recharge à travers des programmes tels que le CEF-Transport, avec la priorité AFIF. Cependant, en plus de l’investissement dans les infrastructures (liées à la vente d’énergie), il est essentiel de mettre en œuvre des initiatives qui aident les entreprises de transport à financer la transformation de leurs flottes. En définitive, si ces actions ne sont pas menées de manière simultanée, il y a un risque qu’aucune d’entre elles n’avance en raison de l’incertitude que cela pourrait générer.
Outre l’électrification, quelles autres sources d’énergie sont explorées pour la mobilité ? Quelles ont le plus de potentiel à court et à long terme ?
L’hydrogène, les biocarburants (comme le méthanol ou l’éthanol), le gaz naturel comprimé, le gaz naturel liquéfié, l’énergie solaire photovoltaïque, etc. Certaines d’entre elles, comme le gaz naturel, sont déjà en place depuis quelques années, mais elles n’ont pas résolu tous les problèmes. C’est pourquoi d’autres alternatives, comme l’hydrogène, plus adaptées aux longues distances et applicables aussi bien dans le transport routier, maritime ou ferroviaire que dans l’aviation, ont émergé. En ce qui concerne l’énergie solaire photovoltaïque, son utilisation semble plus appropriée comme source auxiliaire.
Quelles actions concrètes le secteur de la mobilité prend-il pour réduire son empreinte carbone, et quels changements réglementaires sont nécessaires pour accélérer la transition vers un modèle plus durable ?
La transformation la plus visible se produit dans les systèmes de transport public, avec une évolution constante vers des véhicules électriques, tant dans les flottes que dans les initiatives de transport personnel partagé (vélos et trottinettes électriques), ainsi que la mise en place de zones à faibles émissions, entre autres mesures. Le transport public est à l’avant-garde dans l’introduction de ces innovations, car les environnements urbains sont idéaux pour implanter des véhicules zéro émission et établir des réseaux flexibles et connectés entre différents modes de transport, facilités par une prise de décision basée sur les données. Cependant, bien qu’il existe une forte sensibilisation réglementaire et sociale à la nécessité de décarboniser les villes, des défis demeurent, notamment en ce qui concerne la mobilité périurbaine et, surtout, la connexion avec les zones rurales.
Quelles sont les barrières technologiques, réglementaires ou sociales qui freinent l’adoption massive des véhicules autonomes ?
Bien que les technologies dans ce domaine évoluent rapidement, les principales barrières à leur déploiement massif sont à la fois réglementaires et sociales. Dans les deux cas, ces barrières sont liées à la perception de l’insécurité, tant physique que numérique, et au manque de développement des infrastructures et de la législation. Une fois la barrière réglementaire levée, il sera crucial d’obtenir l’acceptation du public grâce à des campagnes d’éducation et de sensibilisation.
Quel impact les véhicules autonomes auront-ils sur l’emploi dans le secteur ?
Nous assisterons à une transformation du secteur à tous les niveaux, qui pourrait aller de la perte d’emplois actuels, comme celui de conducteur, à la création de nouveaux postes axés sur la numérisation, ainsi que dans le domaine de la formation. Néanmoins, nous vivons dans une société où la formation et la spécialisation ont atteint des niveaux plus élevés qu’auparavant, et cette transformation pourrait faciliter l’intégration professionnelle des jeunes à l’avenir.
La mobilité partagée a connu une croissance dans les villes, mais elle fait face à plusieurs défis. Comment voyez-vous son évolution et quelles mesures devraient être mises en œuvre pour la rendre plus accessible et sûre ?
Il est évident qu’une grande partie de la population se concentre dans les zones urbaines. En tant que société, nous devons donc transformer cet écosystème vers un modèle de mobilité plus efficace, durable et connecté. Comme dans d’autres secteurs du transport, les principaux défis sont la création d’infrastructures adéquates, la sensibilisation sociale et la réglementation.
Quels changements réglementaires récents ont le plus impacté le secteur ?
Les changements liés aux restrictions de circulation des véhicules dans les zones urbaines, notamment en ce qui concerne l’accès aux zones à faibles émissions et l’interdiction de l’utilisation de certains véhicules plus polluants.
Y a-t-il des lacunes réglementaires qui devraient être comblées pour favoriser une plus grande innovation ?
Il reste encore beaucoup à faire dans des domaines comme la conduite autonome, l’utilisation de drones, et d’autres aspects moins complexes, comme la création d’une réglementation unifiée pour les véhicules personnels, tels que les trottinettes électriques.
Comment la numérisation contribuera-t-elle à changer le secteur de la mobilité ?
Les progrès dans la science des données et les communications, ainsi que le développement d’algorithmes d’intelligence artificielle, nous aideront à prendre des décisions plus sûres et plus efficaces dans la gestion des flottes et des réseaux d’infrastructures, et dans la coordination des modes de transport et des services. Ils définiront également notre interaction avec le transport. Un environnement où les données de mobilité sont partagées à tous les niveaux — utilisateurs, véhicules, infrastructures et services — permettra de gérer les préférences individuelles et d’établir des itinéraires de transport à la demande presque en temps réel. Cela inclut l’utilisation d’applications mobiles, non seulement pour les réservations et les paiements, mais aussi pour surveiller l’état des trajets et les connexions entre les modes de transport.
Dans le secteur de la mobilité, quelles sont les appels à projets de R&D&I sur lesquels il vaut la peine de se concentrer ?
EIT Urban Mobility lance plusieurs appels. L’un des plus intéressants est le Main Innovation Call, qui est publié chaque année et qui aborde divers défis de la mobilité urbaine autour de neuf domaines thématiques : mobilité active, intermodalité, infrastructures, accessibilité, logistique, espaces publics, mobilité du futur, énergie et durabilité. Ce programme recherche des projets ayant un niveau de maturité technologique [TRL en anglais] déjà très avancé et proche du marché, permettant aux entreprises de mettre en œuvre leur solution dans deux zones urbaines à titre de démonstration, ce qui leur confère une visibilité et une projection vers d’autres villes. Je mentionnerais également la Mission des Villes du programme Horizon Europe, qui se concentre sur la décarbonisation et la numérisation des villes européennes. Il s’agit de projets avec de grands démonstrateurs. Leurs thématiques sont orientées vers la redéfinition des espaces publics de manière climatiquement neutre, la réalisation de villes sans pollution, la promotion de modes de vie basés sur la mobilité partagée et durable, et l’intégration des zones périurbaines dans la transition vers la neutralité climatique des villes. Dans le même Horizon Europe, il convient également de mentionner la Destination 6 du Cluster 5, qui se concentre sur le financement d’innovations autour du transport multimodal et de la logistique, de la gestion des infrastructures et du trafic, ainsi que de la sécurité.
Comment ces appels influencent-ils l’adoption de nouvelles technologies dans le secteur ? Quels projets approuvés pourraient servir d’exemple ?
Les projets de R&D&I sont essentiels pour l’adoption de ces technologies. Ce type de projets, en particulier les projets de démonstration, permet de les tester dans des environnements contrôlés et d’identifier les barrières technologiques, économiques, légales et sociales. Les conclusions obtenues sont essentielles pour définir des plans de réplication. De plus, obtenir des financements pour réaliser une partie de ces développements est fondamental pour minimiser les risques et encourager la collaboration entre l’industrie, les centres de R&D et les organismes publics (comme ceux qui représentent les villes), qui seront parmi les principaux utilisateurs et promoteurs de certaines de ces technologies émergentes. Parmi les nombreux exemples existants, j’aimerais mentionner Senator, un projet visant à développer des stratégies, des mesures et des outils efficaces pour parvenir à une logistique urbaine à zéro émission.
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