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VILLE

VILLE, PRÉPAREZ-VOUS : VOUS AVEZ UNE MISSION

Juan Cristóbal García

Juan Cristóbal García

Consultant senior en Stratégie d'innovation

La Commission européenne vient de tenir ses Journées de la recherche et de l’innovation, le grand événement annuel de l’innovation qui, cette année, a été spécial en raison du lancement du nouveau programme-cadre Horizon Europe. Et l’une des grandes nouveautés d’Horizon Europe, ce sont les MISSIONS, que j’écris en majuscules car je ne peux pas mettre de néons dans ce texte.

Le concept de la mission est bien connu : un défi complexe et de grande envergure est posé, un plan est élaboré pour le résoudre et un grand nombre de moyens sont articulés pour mettre en cohérence tous les acteurs, publics ou privés. Tout le monde répète le même exemple de mission réussie : l’envoi d’un être humain sur la Lune. De nombreux experts et sages ont estimé qu’elle n’était pas viable et qu’elle ne pourrait pas être réalisée avant 1969.

Mariana Mazzucato explique très bien comment les missions vont bien au-delà du concept traditionnel du secteur public corrigeant les défaillances du marché. Si je puis me permettre, corriger ou réparer sont des concepts réactifs, sans leadership, et toute mission a besoin d’un promoteur, d’un leader.

C’est clairement le cas avec la nouvelle « Mission « 100 villes climatiquement neutres d’ici 2030 – par et pour les citoyens » : la Commission européenne fixe le défi et les priorités et envoie des signaux et des incitations forts aux villes, au secteur privé, aux régions et aux États. Le programme Horizon Europe est doté d’un budget de 96 milliards d’euros, répartis entre fonds publics et privés (96 000 000 000 000 euros, avec tous ses zéros), avec une forte implication de la BEI – Banque européenne d’investissement, des fonds Green Deal de l’UE et du Fonds de relance de l’UE ajoutés aux fonds Horizon Europe. Divisez-le par les 100 villes qui participeront à la mission pour voir combien serait alloué à chacune en moyenne. D’ailleurs, certains disent aussi que le défi n’est pas viable et ne sera pas relevé d’ici 2030, mais au moins l’urgence de la mission n’est pas discutée.

Nous ne pouvons parler d’innovation que lorsque la mise en œuvre est réussie, avec des résultats positifs. Dans une mission, l’objectif ne peut être atteint que si tous les acteurs travaillent efficacement en équipe, et si chacun, public et privé, est impliqué et participe activement. Cela inclut également la gouvernance de la mission. « Implication » n’est pas la même chose que « collaboration », et je fais référence au plat d’œufs et de bacon frits dans lequel la poule a collaboré et le porc a été impliqué.

Dans ce cas, le moyen de garantir la participation des parties est l’élaboration conjointe du contrat « Climate City » entre tous les acteurs. La MISSION propose un processus de co-création à plusieurs niveaux, exprimant le niveau d’ambition et d’engagement de toutes les parties impliquées, identifiant les obstacles et les priorités de la stratégie de transition, établissant la gouvernance et la coordination avec les autorités régionales, nationales et européennes. Ce n’est qu’ensemble qu’il sera possible de supprimer ou de surmonter les obstacles réglementaires, de connaissances ou de financement. L’expérience montre que de nouvelles approches capables de lever les obstacles sont nécessaires, au-delà de l’approche traditionnelle basée uniquement sur l’aide publique. Le contrat « Climate City » est la clé de l’accès au financement, l’exigence.

Le titre de la MISSION est clair lorsqu’il dit « par et pour les citoyens ». Les plus grands défis à relever pour devenir une ville climatiquement neutre sont la réhabilitation énergétique des bâtiments et la mobilité durable et ne peuvent être relevés qu’avec la participation des citoyens. Notre équipe d’innovation sociale a l’habitude de travailler sur le terrain pour cela.

Enfin, les villes qui relèvent le défi de participer à la MISSION doivent être pratiques et efficaces, capables de traduire les objectifs de leur contrat « Ville-climat » en un portefeuille de projets, chacun avec ses propres indicateurs et ses propres formes de financement et modèles commerciaux. Actuellement, la plupart des villes ne sont pas en mesure de traduire en projets leur stratégie de la Convention des Maires, leur plan de mobilité urbaine durable (SUMP-PMUS), leur stratégie énergétique, leur stratégie d’innovation, leur plan stratégique… de nombreux plans ne sont pas synchronisés et parfois n’intègrent pas des aspects critiques de la planification urbaine tels que le développement économique, les inégalités sociales, l’équilibre territorial.

Le contrat « Climate City » devrait intégrer ces aspects pour devenir le plan directeur qui transforme la ville, et faire de la lutte urgente contre le changement climatique un levier de transformation pour obtenir une ville plus compétitive, plus juste et avec une meilleure qualité de vie pour ses citoyens.

Je travaille avec les villes depuis quelques années et je suis enthousiaste à l’idée de relever ce grand défi. À ZABALA, nous connaissons bien les grandes politiques nationales et européennes, nous connaissons bien l’administration publique et le fonctionnement des instruments de financement dans la pratique et nous voyons à quel point le concept du Contrat ville climat peut être puissant. Et l’expérience nous a montré que la difficulté n’est pas d’élaborer une stratégie qui s’annonce en grande pompe, mais de construire une stratégie solide reposant sur des piliers solides, co-créés par tous les acteurs et donc stables, et qui puisse se traduire par des projets qui transformeront réellement la ville.

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Notre expert(e)

Juan Cristóbal García
Juan Cristóbal García

Siège de Pampelune

Consultant senior en Stratégie d'innovation