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Bioéconomie

L’Europe renforce son engagement en faveur de la bioéconomie avec l’appel à projets CBE JU 2025

CBE JU 2025

Le nouvel appel à projets de l’initiative Circular Bio-based Europe Joint Undertaking (CBE JU), qui finance des projets de R&D et Innovation dans le domaine de la bioéconomie circulaire, est ouvert jusqu’au 18 septembre et dispose d’un budget total de 172 millions d’euros. Comme l’a annoncé la CBE JU ce mois-ci, cette édition introduit également un label d’excellence pour les propositions remarquables.

Les aides sont destinées à soutenir des initiatives promouvant l’utilisation de biomasse renouvelable en remplacement des ressources fossiles, dans un modèle économique circulaire. Les fonds seront répartis entre plusieurs types d’actions : des projets de recherche et d’innovation (RIA, selon l’acronyme utilisé en anglais), dotés de 3,5 millions d’euros chacun ; des actions d’innovation (IA, 7 millions d’euros par projet) ; et des projets phares (IA-flagship), considérés comme particulièrement importants, bénéficiant de 20 millions d’euros chacun. L’appel à projets comprend également une ligne de soutien à la coordination et à la diffusion des résultats (CSA), avec un budget de 1 million d’euros.

« La CBE renforce son engagement à accompagner les entreprises dans le déploiement de technologies leur permettant de devenir des bioraffineries de référence en Europe », souligne Damián Muruzábal, responsable du domaine d’expertise Alimentation et Bioéconomie chez Zabala Innovation. « Avec ce nouveau dispositif, la CBE espère continuer à faire de la bioéconomie un pilier fondamental de la compétitivité et de l’indépendance européenne en matière de ressources. Il s’agit également de la positionner comme un levier clé pour atteindre un continent climatiquement neutre, en intégrant les principes de durabilité et de circularité de la production à la consommation », ajoute-t-il.

Parmi les nouveautés de cette édition figure l’introduction du label de la Plateforme pour les technologies stratégiques pour l’Europe (STEP), un sceau d’excellence qui sera attribué aux propositions dépassant les seuils de qualité lors de l’évaluation, même si elles ne bénéficient pas d’un financement direct. Cette reconnaissance vise à faciliter l’accès à des financements complémentaires, publics ou privés, et à donner de la visibilité à des projets à fort potentiel transformateur.

Un appel à l’innovation

Les 13 thématiques de l’appel à projets ont été actualisées en réponse aux retours reçus précédemment par la CBE JU de la part des milieux scientifiques et industriels. L’édition 2025 couvre des domaines tels que la valorisation des biodéchets urbains et industriels, la conversion de biomasse en produits chimiques avancés, le développement d’emballages circulaires, la production de protéines alternatives ou encore la culture de macroalgues pour de nouveaux usages industriels. Elle prévoit également le financement de solutions de conception sûre et durable pour remplacer des substances chimiques dangereuses, notamment dans le secteur textile.

Selon Muruzábal, « l’approche est clairement orientée vers la résolution de défis concrets, en combinant le savoir scientifique avec l’application pratique dans des secteurs clés. Cette édition met fortement l’accent sur le transfert de connaissances et la montée en échelle dans les entreprises, afin d’amplifier l’impact des investissements sur l’économie et la société européennes, tout en ouvrant la voie aux technologies émergentes aux niveaux de maturité technologiques (TRL) les plus bas. »

Les projets phares, en raison de leur ampleur et de leur impact attendu, occupent une place centrale dans ce dispositif. Ces initiatives doivent démontrer la viabilité commerciale de nouvelles solutions bioéconomiques, depuis l’échelle pilote jusqu’à la mise en œuvre industrielle. Elles sont appelées à servir de démonstrateurs inspirant leur reproduction à l’échelle européenne. Parmi les thématiques phares figurent la symbiose urbaine-industrielle pour le traitement des déchets biologiques, la fabrication de matériaux d’emballage à partir de fibres aux propriétés avancées ou encore la reconversion d’installations industrielles pour produire des biens à plus forte valeur ajoutée.

Dans le domaine de la recherche, seront soutenues des propositions explorant de nouveaux modèles de valorisation de la biomasse forestière peu exploitée, des techniques biodégradables pour la libération contrôlée d’engrais sans recours aux microplastiques, ou des voies de biofabrication pour le caoutchouc. Les actions de coordination, quant à elles, visent à renforcer la formation technique et les échanges de savoirs indispensables à la consolidation d’une bioéconomie efficace et inclusive.

« La compétitivité du secteur passe par la formation de profils techniques spécialisés et le partage de bonnes pratiques entre régions », insiste Muruzábal. « En ce sens, l’appel à projets de la CBE JU jette les bases d’une transition technologique inclusive, capable de générer un impact tangible pour les entreprises et les citoyens européens », ajoute-t-il.

Une initiative stratégique

La CBE JU est un partenariat public-privé qui canalise les investissements en recherche et innovation pour dynamiser la bioéconomie européenne. Elle est cofinancée par la Commission européenne, via le programme Horizon Europe, et par le consortium des industries bio-sourcées. L’objectif est de promouvoir un modèle de production et de consommation plus durable, en remplaçant les matières premières fossiles par des ressources renouvelables obtenues de manière responsable.

Cette initiative s’inscrit dans la stratégie de la Commission européenne visant à faire de l’Europe le premier continent climatiquement neutre, en cohérence avec le Clean Industrial Deal, lancé fin février. Son mandat s’étend de 2021 à 2031, avec un budget global de 2 milliards d’euros. Les projets financés doivent générer des bénéfices économiques et environnementaux, renforcer la compétitivité de l’industrie européenne et contribuer à la cohésion territoriale.

La CBE JU entend également améliorer l’efficacité de l’utilisation des ressources, encourager l’innovation technologique dans des secteurs tels que l’agriculture, la pêche, la chimie ou l’alimentation, et créer de nouvelles opportunités d’emploi et de développement pour les zones rurales et côtières. L’implication de tous les acteurs de l’écosystème – des centres de recherche aux PME, en passant par les grandes entreprises – est l’un des principes directeurs de l’appel.

Les propositions seront évaluées selon les critères établis dans le programme Horizon Europe, en tenant compte de l’excellence scientifique, de l’impact attendu et de la qualité de la mise en œuvre. Les résultats de l’appel à projets seront annoncés début 2026.