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Économie circulaire

L’État investit dans la circularité des plastiques, textiles et élastomères

CAPTE Ademe

Un nouvel appel à projets national, baptisé CAPTE, vient renforcer les outils de la stratégie française pour l’économie circulaire. Ouvert jusqu’au 30 janvier 2026, avec une relève intermédiaire prévue le 30 septembre 2025, ce dispositif opéré par l’Agence de la Transition Écologique (Ademe) vise à financer les projets industriels qui transforment durablement la gestion des déchets plastiques, textiles et élastomères. Il cible les entreprises qui investissent dans la préparation, le recyclage – qu’il soit mécanique, chimique ou enzymatique – et l’incorporation de matières premières recyclées dans les produits manufacturés. L’objectif affiché est de réduire la dépendance aux matières vierges issues de ressources fossiles, de soutenir la structuration de filières françaises compétitives et de répondre aux exigences réglementaires européennes en matière de recyclabilité et de contenu recyclé.

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L’appel à projets s’adresse aux PME et ETI, seules ou en consortium, avec une priorité donnée aux partenariats impliquant des centres techniques ou des acteurs académiques. Les projets, dont le montant d’investissements doit être supérieur à 2 millions d’euros, devront s’inscrire dans un niveau de maturité technologique (TRL) avancé, allant de 6 à 9, afin de démontrer la viabilité d’un passage rapide à l’échelle industrielle. Le soutien public vise ainsi à lever les verrous techniques et économiques qui limitent l’investissement dans ces nouvelles filières.

« Le dispositif CAPTE se distingue par sa capacité à couvrir l’ensemble des étapes clés du cycle industriel – depuis la préparation des déchets jusqu’à l’incorporation finale des matières premières recyclées – en intégrant le recyclage chimique ou enzymatique comme levier majeur de transformation », explique Parisa-Louise Darzi, coordinatrice des projets nationaux en France chez Zabala Innovation.

Lors des étapes de préparation et de recyclage, les projets peuvent concerner des déchets élastomères, thermodurcissables ou textiles, qu’ils soient pré- ou post-consommation. À l’étape d’incorporation, sont éligibles les fibres provenant de ces déchets ainsi que les matières premières recyclées thermoplastiques obtenues par tri, broyage ou micronisation. L’exclusion des grandes entreprises du dispositif reflète la volonté de structurer un tissu industriel agile, ancré dans l’économie circulaire, en évitant de concentrer les aides sur des groupes déjà bien établis.

Souveraineté matière

L’appel à projets CAPTE s’inscrit dans une stratégie nationale plus large, lancée dans le cadre de France 2030. Il fait suite à deux dispositifs précédents qui ont soutenu la recherche de solutions innovantes pour améliorer la recyclabilité, le recyclage et la réincorporation des matériaux, ainsi que l’industrialisation du recyclage mécanique et chimique. L’ambition actuelle est encore plus vaste: parvenir à une production compétitive de matières premières recyclées en France, capable de répondre aux exigences européennes du Règlement sur les emballages et les déchets d’emballages, tout en captant des volumes aujourd’hui majoritairement exportés.

Selon Mme Darzi, « ce type d’appel à projets offre aux acteurs industriels l’opportunité de se positionner sur des marchés émergents, tout en renforçant la souveraineté matière de la France ». L’enjeu est d’autant plus crucial que les chiffres révèlent un retard à combler : en 2020, moins d’un quart des déchets d’emballages plastiques ont été recyclés sur le territoire national. Concernant le textile, les capacités de recyclage restent insuffisantes, une part significative des déchets étant traitée à l’étranger.

L’originalité de CAPTE réside également dans sa couverture des trois grandes étapes de la chaîne de valeur : la préparation des déchets, le recyclage via différentes technologies — mécanique, chimique ou physico-mécanique —, ainsi que  l’incorporation des matières premières recyclées dans des produits conçus pour être davantage recyclables. Les projets combinant plusieurs de ces étapes seront privilégiés, afin d’assurer une maîtrise des procédés, de garantir la qualité des matières produites et de structurer les débouchés.

Capacité industrielle

« La cohérence des projets sur l’ensemble de la chaîne constitue un critère clé de sélection, car elle conditionne la durabilité économique des filières industrielles à venir », souligne Mme Darzi. Cette approche intégrée vise à massifier les flux, d’optimiser les coûts de traitement et stimuler l’innovation autour de la qualité des matières premières recyclées produites. Par ailleurs, les projets devront s’inscrire dans une dynamique territoriale, en s’implantant dans des zones où les synergies industrielles peuvent être développées.

En privilégiant des projets de démonstration ou des investissements de taille moyenne à grande, CAPTE vise à franchir le cap entre expérimentation et compétitivité. Ainsi, la sélection des candidatures s’appuiera autant sur le niveau d’innovation des procédés que sur leur potentiel de déploiement rapide dans des conditions économiques viables.

Depuis 2021, la France a mis en place une stratégie dédiée à la recyclabilité, au recyclage et à la réincorporation des matériaux, visant à dissocier économique et consommation de ressources naturelles. Conformément aux orientations de Matignon, l’appel à projets CAPTE s’inscrit dans cette dynamique, avec pour objectif d’ici 2030 de consolider des filières industrielles capables de traiter plusieurs millions de tonnes supplémentaires de déchets textiles, plastiques et élastomères. A ce titre, « CAPTE n’est pas simplement un dispositif de financement », conclut Mme Darzi, « mais une étape structurante pour construire une industrie circulaire performante en Europe ».