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Économie circulaire

ORMAT 2025 soutient l’industrie dans l’incorporation des matières recyclées

ORMAT ademe

Porté par l’Agence de la transition écologique (Ademe) dans le cadre de son Fonds Économie Circulaire, l’appel à projets Objectif recyclage matières (ORMAT) 2025 offre une opportunité de financement aux entreprises industrielles engagées dans l’incorporation de matières premières issues du recyclage. La troisième édition de ce dispositif – dont les deux prochaines dates limites de soumission sont fixées aux 15 mai et 6 octobre 2025 – cible aussi bien les phases amont de régénération que l’incorporation de matières recyclées dans les processus de production. Sont éligibles les études, diagnostics et investissements concourant à la structuration de filières industrielles pérennes dans toutes les régions, à l’exception des projets situés en Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui bénéficient d’une instruction spécifique.

Le dispositif s’adresse aux acteurs industriels de toutes tailles, incluant les préparateurs de déchets, les recycleurs, les transformateurs ainsi que les donneurs d’ordres industriels. Il se structure autour de six thématiques matériaux : plastiques ; textiles ; métaux, batteries ; bois ; papiers-cartons ; verre et matériaux minéraux. Deux types de projets sont financés : ceux relevant de l’ingénierie préalable — études, tests de performance, expérimentations — et ceux portant sur des investissements, qu’ils visent à créer de nouvelles capacités, améliorer la qualité des matières produites ou augmenter les taux d’incorporation.

« L’originalité d’ORMAT réside dans sa capacité à couvrir des projets très en amont, souvent écartés des dispositifs classiques, comme les essais préalables à l’investissement », explique Parisa-Louise Darzi, coordinatrice des projets nationaux en France chez Zabala Innovation. Cette couverture large vise à réduire les risques techniques et économiques que rencontrent les industriels souhaitant intégrer davantage de matière recyclée, dans un contexte marqué par la volatilité des prix et l’évolution rapide des exigences réglementaires.

Les défis

Parmi les enjeux ciblés par ORMAT 2025, figure la montée en qualité des matières premières de recyclage (MPR) produites sur le territoire national. Le cahier des charges insiste sur la nécessité d’aligner les caractéristiques des MPR aux exigences techniques des industriels, tant français qu’européens, en vue de substituer les matières vierges tout en garantissant la performance des produits finaux. Les initiatives visant la remanufacturation ou la régénération de batteries sont également intégrées, à condition qu’elles dépassent les obligations réglementaires en vigueur.

Le dispositif souhaite également répondre à un déséquilibre structurel : la capacité française de régénération est aujourd’hui insuffisamment synchronisée avec celle d’incorporation. Cette asymétrie limite l’attractivité économique de certaines filières de recyclage, surtout pour les flux spécifiques ou de petits tonnages, dont les débouchés industriels sont encore peu organisés. Pour Mme Darzi, « soutenir à la fois l’offre et la demande de matières recyclées est fondamental afin d’éviter des situations de surproduction de MPR sans exutoire industriel viable ».

Autre axe stratégique : renforcer l’ancrage territorial de la production de MPR, afin de limiter les exportations de déchets, sécuriser les approvisionnements des industriels français et, in fine, renforcer leur souveraineté. Le soutien de l’Ademe entend ainsi pallier les limites actuelles du marché, encore peu mature sur certains matériaux, et freiné par des arbitrages souvent guidés par le coût immédiat des matières vierges importées. Dans le secteur des plastiques ou des composites, par exemple, le différentiel de prix continue de freiner les investissements malgré la volonté de transition exprimée par de nombreux acteurs.

Une attente réelle

En ciblant des projets de toutes tailles, y compris ceux qui portent sur des équipements isolés mais stratégiques, ORMAT 2025 complète les dispositifs déjà existants, souvent focalisés sur les projets d’envergure. « Il y a une réelle attente des industriels sur ce type d’appel à projets, qui reconnaît la diversité des réalités de production et permet de financer des actions ciblées, mais à fort impact », ajoute Mme Darzi.

En termes de gouvernance, ce dispositif s’inscrit dans les priorités définies par la loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire et les directives européennes en cours de révision dans les secteurs de l’automobile, des emballages ou des batteries. Il s’agit notamment de favoriser une hiérarchisation du traitement des déchets conforme au droit européen, en privilégiant la prévention, la réutilisation et le recyclage, au détriment de solutions comme l’incinération ou de l’enfouissement.

Depuis sa première édition, ORMAT a permis de structurer plusieurs filières émergentes, bien que des obstacles subsistent, notamment liés à la massification encore incomplète de certains flux ou à la faible stabilité économique du secteur. Le soutien public reste donc crucial pour compenser ces incertitudes et permettre aux industriels de franchir les étapes critiques entre le pilote et la phase opérationnelle.

Décarbonation, compétitivité et circularité

À travers cette nouvelle édition, l’Ademe entend recentrer son appui sur les opérations à forte valeur environnementale, évaluée en fonction du ratio euros d’aide par tonne de CO₂ évitée ou de matière vierge substituée. L’accent est mis sur l’efficacité et la complémentarité des projets retenus, dans une logique de rentabilité environnementale et de structuration industrielle à long terme.

Dans un contexte où la réindustrialisation française est conditionnée à la réduction de la dépendance aux importations, la relocalisation de la production de matières recyclées représente un levier majeur. Le lien entre décarbonation, compétitivité et circularité industrielle constitue le socle de cette approche intégrée. Comme le souligne Mme Darzi, « la reconquête de notre souveraineté industrielle passe aussi par la maîtrise de nos matières premières, y compris celles issues du recyclage ».

« L’appel à projets ORMAT 2025 intervient donc à un moment stratégique, entre maturation réglementaire et incertitude économique, pour encourager un virage industriel fondé sur la sobriété, la résilience et la circularité. Les prochaines relèves s’annoncent comme des temps forts pour les acteurs souhaitant positionner leur activité au cœur de cette transition », conclut cette experte.